La COCCINELLE


        

 Il était une fois la COX..........

                        Tout commence à Stuttgart, en 1931. Brillant ingénieur d'origine autrichienne FERDINAND PORSCHE a alors 56 ans, et décide de monter son propre bureau d'études avec à l'esprit l'idée de créer sa propre marque. Une petite équipe planche sur la première commande venue tout droit du constructeur ZUNDAPP, qui souhaite lancer une voiture populaire mais ne sait par quel bout prendre le problème; il est vraiment complexe, à une époque où l'automobile est encore un phénomène marginal.

                         Mr PORSCHE et ses associés ne sont pas longs à définir un cahier des charges pour le moins original: moteur à l'arrière, châssis-poutre, roues indépendantes, barres de torsion...

                        Sourd aux injonctions de ZUNDAPP qui réclame à cor et à cri un moteur en étoile (un 5 cylindres), PORSCHE dessine un 4 cylindres à plat refroidi par air. 3 prototypes sont alors construits mais demeurent peu convaincants. Ceci n'est qu'une première étape, mais ZUNDAPP, en butte avec des difficultés financières importantes décide... d'abandonner le projet.

                        Qu'à cela ne tienne, ses cartons sous le bras, Mr PORSCHE se tourne vers N.S.U. et convainc les dirigeants de la pertinence de ses recherches. Une ligne de crédit lui est accordée, qui lui permet d'agrandir son bureau d'étude et de se lancer dans des évolutions d'importance. Cette fois , il peut imposer son idée du 4 cylindres à plat et conçoit un 1500cm3 développant 30ch et permettant d'atteindre la vitesse de 115Km/h. Les lignes de la nouvelle COX s'arrondissent et s'abaissent; même si les phares sont d'un classicisme redoutable, l'ensemble commence étrangement à ressembler à ce que sera la future coccinelle. 

                        Trois prototypes de ce type 32 sont construits. Pourtant, une fois de plus PORSCHE va devoir ronger son frein, d'abord parce que FIAT, partenaire de N.S.U., exige l'arrêt immédiat d'un projet qui pourrait concurrencer ses propres productions, ensuite parce que N.S.U. voit ses ventes de motos s'envoler et que la firme doit rapidement transformer ses chaînes pour faire face à la demande. Bien d'autres auraient baissé les bras devant une telle adversité, mais c'est bien mal connaître cet Autrichien dont la volonté est inébranlable.

                      

                        Le grand Reich est alors en marche et l'Allemagne vaincue de 1918 n'est plus qu'un lointain souvenir. Son chancelier, Hitler, ne cache pas ses rêves de grandeur pour une nation appelée, selon ses dires, à dominer le monde pendant mille ans. Pour l'heure, il s'applique à construire les premières autoroutes.

 

                        FERDINAND PORSCHE n'est pas insensible à cette vision et contacte aussitôt le ministère des transports et, le 17 janvier 1934, explique sa vision "d'une voiture populaire pour le peuple", confortable, capable de transporter 4 personnes à 100 km/h, de grimper n'importe quelle côte et, surtout, de supporter tous types de carrosseries. Quelques jours après son exposé, Mr PORSCHE voit débarquer à Stuttgart un émissaire du chancelier qui l'invite à le suivre à Berlin où Adolf Hitler, en personne, exige sa présence. De cet entretien, on ne sait rien, mais quelques jours plus tard, lors du discours d'ouverture de la 24ème exposition internationale de l'automobile, Hitler annonce le lancement d'un vaste projet : "la création de la voiture du peuple".

                        

                        Désormais plus rien ne doit empêcher Mr PORSCHE de réaliser son grand projet, d'autant qu'un accord est signé entre la fédération de l'industrie et le bureau d'études de l'ingénieur autrichien, pour réaliser dans les plus brefs délais (10 mois) le premier prototype de la nouvelle VW.

 

                        Mais Hitler a fixé, dans son discours, un prix maximum: moins de 1 000 reichsmark. Du coup, le projet prend du retard, la motorisation est descendue à 944 cm3 et le bois fait encore partie de la structure de la COX.

 

                        Trois nouveaux prototypes sortent du garage de PORSCHE (type 60 VW3) et le premier modèle est présenté le 5 février 1936. Sa forme, tout autant que ses innovations technologiques surprennent. " PORSCHE a réinventé l'oeuf " ironise OPEL. De fait, même posée sur ses quatre roues, l'auto fait immanquablement penser à un oeuf coupé transversalement, jusque dans les arrondis exagérés de la jupe arrière. Le bruit du petit 4 cylindres, l'espace étonnamment grand pour une si petite voiture, deux portes mais 4 vraies places, la technique à contre-courant des modes, il crée un châssis à suspension à quatre roues indépendantes avec barres de torsion et amortisseurs à friction. Plus fort encore : le moteur "flotte" sur des suspensions en caoutchouc souple. Enfin et surtout le freinage est d'une incroyable efficacité car même s'il est à câble, un excentrique réglable joue quasiment le rôle d'un cylindre hydraulique.

 

                        Même si les rapports sont élogieux, la fédération de l'industrie automobile exige des essais grandeur nature pour valider les choix techniques de Mr PORSCHE. D'octobre à Noël 1936, les trois VW vont ainsi sillonner les routes allemandes par tous les temps aux mains de S.S. spécialement choisis, pour maltraiter les voitures. Les résultats dépassent les espérances les plus folles; car en dehors de pannes bénignes, l'auto se révèle d'une robustesse à toute épreuve, capable de passer n'importe où et dans n'importe quelle condition.

 

                        De ce jour notre ingénieur reçoit des crédits pour financer la construction de trente nouveaux prototypes qui seront construits chez DAIMLER BENZ A.G.. Les changements sont nombreux. Ils tiennent compte des enseignements des essais. Le moteur est poussé à 985 cm3 et développe 22ch, le châssis est entièrement en acier et le bois a totalement disparu. Les tôles ont été renforcées par un emboutissage mieux étudié. Le type vw30 va ainsi accomplir plus de 2,4 millions de Km. Là encore, aux mains des S.S., d'avril à août 1937. Il ne reste plus qu'à finaliser le projet, et le type vw38 est présenté au printemps 1938 à la presse, c'est l'aboutissement de 4 années de labeur acharné.

 

                        La VOLKSWAGEN est née, mais il faut encore la construire et la vendre. Sur ce dernier point le  Reich va faire preuve d'une rare perversité. Il va en effet créer un vaste plan d'épargne sous forme de timbres à coller dans un carnet, la VW Sparen. A coup de 5 marks par semaine versés directement dans les caisses de la K.D.F., les épargnants n'avaient que l'assurance de pouvoir détenir un jour une cox. Fin 1938, près de 170 000 carnets ont ainsi été souscrits, mais aucune voiture ne fut jamais livrée et l'argent a servi à alimenter l'effort de guerre. Le 26 mai 1938, la première pierre est posée sur un terrain situé à Fallersleben non loin du canal du Mitteland pour la construction d'une nouvelle ville construite en parallèle et qui portera le nom de Stadt des kdf wagen (après la libération de Wolfsburg, du nom d'un château se situant à proximité).

 

                        En avril 1939, les premiers halls de l'atelier technique sont achevés et rien ne semble pouvoir arrêter un mouvement d'ampleur, sauf un conflit mondial qui va tout stopper et transformer l'usine en redoutable machine de guerre, car c'est là que sont fabriqués les Kubelwagen et quelques Volkswagen civiles destinées en priorité aux émissaires nazis. La voiture du peuple n'est plus qu'un lointain souvenir lorsque le conflit s'achève. Wolfsburg, contrôlée par les Britanniques, est une ville fantôme. De la gigantesque usine, il ne reste plus que des ruines. Un laissez-aller va finalement décider du destin de Volkswagen, et la légende est en marche.

 

                        L'histoire raconte que trois ouvriers qui en cachette assemblent trois " voitures du peuple" profitent de la visite du major Hirst pour montrer leurs oeuvres ainsi que le stock important de pièces pouvant construire plus d'un millier de cox ; Heinrich Nordhoff, le nouveau directeur de la Volkswagen en 1949 va faire de la coccinelle un phénomène de société mais ceci est une autre histoire qui s'écrit chaque jour...

 

 

 

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